"Conversation"
stylo bille sur carnet
18x9cm
Pour ceux qui veulent l'histoire de ce carnet:
CONVERSATION
« conversation »
s'est imposé à moi comme une évidence. Le mot résonne déjà de
tout ce qu'on peut lui répondre et inventer à son sujet.
Je
l'ai choisi parce qu'il se rapproche de ma conception de l'Art et de
la vie en elle-même. Pour moi, le travail de chaque être humain, et
de l'artiste en particulier est de trouver sa vie durant comment
interéagir avec le monde, comment entrer en conversation avec lui et
les gens qui le peuplent.
J'aurais
pu qualifier mon travail personnel jusqu'à maintenant de « coudre »,
mais j'aurais tout aussi bien pu l'appeler « conversation ».
Pour moi il y a ces mêmes notions de tissage, de se relier au monde,
avec soi même, et de relier les gens entre eux.
Je
suis donc partie d'un portrait photo d'une jeune fille de la série
In
the American West
réalisée au début des années 80 par R. Avedon. Ce mythe de
l' « American dream », la grande dépression,
l'Ouest américain, l'idée de voyage et de route m'ont toujours
fascinée à travers la photographie donc, la musique (la culture
blues, Clapton, J.J Cale, Pink Floyds, Alan Parson...), les films
(Une
histoire vraie
de D. Lynch, My
blueberry nights
de Wong Kar Wai…), ou les auteurs (Steinbeck, Labro, Kerouac...).
J'ai réalisé un portrait de cette jeune fille dans un
carnet au stylo bille noir avec d'autres portraits de la même série,
puis de mes amis, de gens trouvés sur internet, de tous sexes, âges,
origines... Les regards et la présence de ces gens dont on peut à
loisir imaginer la vie me fascinaient.
Puis j'ai intégré des écritures, des phrases à
l'impératif, des slogans publicitaires, des paroles de chanson...
J'ai choisi le carnet pour la symbolique forte de cet
objet qui n'attend qu'une chose, qu'on en noircisse les pages et
qu'on les feuillette. Il invite à l'échange, par sa proximité et
l'intimité qu'il propose avec celui qui le tient dans ses mains.
Avec mon stylo bille noir tout simple, tranchant sur le
blanc cassé des pages, j'ai pris le temps de dessiner chaque
personne, d' « écouter » chaque trait de leur
visage comme Avedon qui attendait des minutes entières que son
modèle laisse échapper quelque chose de lui-même.
Comme lorsqu'il les sortait de leur contexte en les
faisant poser devant un écran blanc, j'ai projeté ces personnes
dont pour la plupart je ne connaissais rien sur les pages blanc cassé
de mon carnet, leur regard frontal comme première prise de contact.
Puis, je les ai confrontés à ces écritures. C'est une
confrontation graphique, un dialogue entre la forme du texte et la
forme des portraits à travers les différents rythmes du dessin et
de la mise en page. Mais c'est aussi et surtout la confrontation
plastique de ce que je ressens de notre confrontation au monde.
D'une conversation avec un artiste qui m'a marquée, une
époque et un monde qui me fascinaient, je suis arrivée à faire un
parallèle avec notre société actuelle et ma position à
l'intérieur de celle-ci.
Comme
ces personnages en transition dans Les raisins de la colère
de J. Steinbeck, ou le décalage avec un nouvel univers dans
L'étudiant étranger
de P. Labro, dans les paroles et la musique des années 60-70, je me
suis interrogée sur la façon dont on peut trouver notre place, dont
on peut converser avec notre monde.
Dans une société envahie par les images
« communicantes », les signaux, les réseaux, les textes
et sons qui sollicitent en permanence notre attention. Dans laquelle
chacun doit se positionner par rapport à une culture, une histoire,
la politique de son pays, et sans cesse de nouveaux paramètres à
échelle mondiale et individuelle, comment peut-on répondre à ces
sollicitations ?
Comment entrer en conversation avec notre monde ?
J'ai vraiment bien aimé ton travail. C'est intéressant et assez intense.
RépondreSupprimerLucie
http://newbooksonmyselves.blogspot.fr/
Merci Lucie, c'est sympa de prendre le temps de mettre un commentaire. N'hésite pas à partager puisque tu as aimé :)
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